Gorze, novembre 2024
Chers amis
« De la fête de saint Martin (le 11 novembre) à la Nativité du Seigneur, on jeûnera le lundi, le mercredi, et le vendredi. »
Concile de Mâcon de 581
Il semblerait que l'Avènement du Fils de Dieu dans la chair nécessite une préparation qui demande une triple ascèse : le jeûne donc, qui ne se conçoit pas sans la charité (agape ou amour inconditionnel) et la prière : la prière nourriture ou liturgique et la prière respiration dite prière silencieuse ou méditation sans objet, appelée aussi prière pure ; tout ceci pour une pratique toujours plus intense de la présence à Dieu, ici et maintenant.
Saint Paul exhorte les fidèles à se réveiller de leur sommeil, c'est à dire de leur inconscience ou de l'oubli de Dieu. C'est vrai que pour le salut de nos âmes, il suffit d'être présent à Dieu, mais que notre nature en exil est « l'oubli de Dieu ». Il nous faut donc des « rappels » : « Voici Je me tiens à ta porte et je frappe. » Cet appel du Seigneur est permanent, c'est la « résonnance », ici et maintenant, de l'appel à « tourner nos regards vers Lui... »
Cette action nous renvoie à l'importance de l'instant présent qui est notre seule richesse : c'est le centre de la croix, le point de rencontre de l'esprit de l'homme avec son Dieu. Ici et maintenant s'exerce l'adhésion à la volonté divine. En cet instant précis, Dieu veut nous voir accomplir telle action, qui bien souvent ne sera ni extraordinaire, ni grandiose, mais banale et infime, et dont la seule valeur sera d'adhérer à la volonté de Dieu sur moi, en cet instant, car « mes cheveux même sont comptés. » Luc 12;7
Cette volonté divine, ici et maintenant, peut s'avérer redoutable : « Mon père, s'il est possible éloigne de moi cette coupe » dit le Christ ; mais Il ajoute : « Non pas ma volonté, mais la tienne ! »
C'est précisément dans le « oui » à ce qui est, quel qu’en soient les conditions existentielles, que le Seigneur nous attend, et si nous le cherchons ailleurs, nous le manquerons.
Il nous attend là, dans ce temps de l'Avent plus particulièrement, pour se donner à nous, pour communier avec nous. Durant ce temps de l'Avent qui n'a pas le caractère pénitentiel du grand carême, nous sommes invités à la fois à la vigilance et en même temps à la joie de la rencontre avec le Seigneur « qui était, qui est et qui vient », dans ce moment béni de l'instant présent, qui devient peu à peu le « sacrement perpétuel » de notre vie quotidienne.
Le temps alors devient sacré et il n'y a plus de « temps perdu » car par notre pratique de la vigilance, nous « consacrons » le temps à l'essentiel. : C'est une nouvelle manière d'être révolutionnaire ...osons le dire !
La fidélité aux petites choses nous redonne peu à peu accès à la joie qui nous habite au plus profond de notre être. Notre époque est peut-être par contraste, l'époque où la prise de conscience de l'importance de l'instant présent est la plus aigüe. Au cœur de la destruction, de l'absurde et de la solitude « relever la tête » dit le Christ, car « votre délivrance est proche ! »
Vivre l'instant présent, c'est se placer dans une entière disponibilité à l'égard de Dieu. Ici, durant ce temps de l'Avent, nous pouvons contempler la figure de Marie, la très sainte mère de Dieu, qui dès l'âge de trois ans, nous dit la tradition de l'église entre dans le temple sans se retourner en arrière. « En ce jour formons des chœurs et chantons au Seigneur des psaumes et des hymnes ; honorons son saint Tabernacle, l'arche spirituelle renfermant le Verbe insaisissable ; car vivant dans la chair une enfance merveilleuse, elle est offerte à Dieu et le grand prêtre Zacharie la reçoit avec joie comme l'Habitacle de Dieu. » ( Grande antienne de la fête de l'entrée dans le temple de la Vierge Marie fêtée le 21 novembre.) et également la figure de saint Jean Baptiste qui nous ouvre le chemin de celui qui est conscient de ne pas être digne de « délier la courroie des sandales » du maître qui demeure « au milieu de nous »...
Deux chemins de l'abnégation salvatrice dans la conscience que « sans Lui, nous ne pouvons RIEN faire ; »
Maranatha ! Viens Seigneur Jésus !
Avec toute mon affection en Christ !
Père Francis
Prière
O Créateur du firmament,
Clarté sans fin de tout croyant,
Christ rédempteur, ami des hommes,
Exauce nos humbles prières
Touché de voir périr le siècle
Sous les coups glacés de la mort
Tu apprêtes pour ses péchés,
Le remède de ton pardon.
Comme un époux glorieux surgit
En dehors du palais nuptial,
Lorsque les temps sont accomplis
Tu nais de la Vierge très-pure.
A ton Nom grand et redoutable,
Aux cieux, sur terre et dans l’enfer,
Toute créature s’incline,
Et fléchit, Seigneur, le genou.
O Saint qui reviendras juger
En ton second avènement,
Nous T’en prions, délivre-nous
Des traits perfides du démon.
Hymne gallicane du VIIème siècle.
Texte à méditer
Le Seigneur s’avance à travers les plaines de la terre. Il s’avance sur les ailes du vent, des souffles Il fait ses anges, des flammes de feu ses serviteurs. Il s’avance dans la majesté de son règne, porté par les chérubins. Les séraphins volent à l’entour de son trône et clament d’une voix éclatante l’hymne de la victoire du grand Roi : Alleluia, alleluia, alleluia !
Sonus de l’avent (rite des Gaules)
(Attention, une coquille s'est glissée dans la date de la session de méditation, merci de bien prendre en compte les dates du programme, à savoir du 26 au 31 décembre et non du 13 au 15. Merci !)