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Photo du rédacteurCentre Béthanie

Lettre n°217 - La grande liberté de Marie



Gorze, décembre 2024

 

Chers amis



Le 8 décembre nous avons fêté la Conception de Marie, la Mère de Dieu. Nos frères de l’Eglise de Rome nomment cette fête l’Immaculée Conception et ils en ont fait un dogme au 19e siècle. Une grande dévotion s’est répandue autour de cette notion d’Immaculée Conception en Occident or c’est une importante divergence entre l’Eglise catholique romaine et l’Eglise orthodoxe.

 

Ce dogme de l’Eglise de Rome déclare que Marie a été préservée du péché originel vu les mérites à venir de Notre Seigneur Jésus Christ. Mais si Marie avait été en quelque sorte isolée du reste de l’humanité par un privilège de Dieu, lui conférant d’avance l’état de l’homme avant le péché, alors que deviendrait son consentement libre à la volonté divine, que deviendrait sa réponse à l’archange Gabriel ? ils perdraient le lien de solidarité historique avec tous les autres actes qui contribuèrent à préparer, au long des siècles l’avènement du Messie.

 

Alors que deviendrait la longue généalogie du Seigneur que nous lisons à Noël ? Elle serait inutile ! que deviendrait l’extraordinaire travail sur lui-même du peuple hébreu pour produire ce fruit de sainteté, de pureté, de virginité qu’est Marie ? Il serait inutile ! Ce serait donc tout le premier testament qui en raconte l’histoire qui serait obsolète, ainsi que le début de l’Evangile.

 

Mais non ! Marie n’est pas un être passif et manipulé par Dieu, elle est la virginité acquise par toute l’humanité. Face à la virginité librement perdue par Eve, la nouvelle Eve en fait librement la reconquête.

Enluminure
La Mère de Dieu, Moine Grégoire Krug

 Ce ne peut d’ailleurs pas être autrement car si c’est Dieu et non l’humanité qui construit la virginité de Marie en Marie, pourquoi Dieu avait-il besoin d’attendre la Vierge ? Marie n’est pas un instrument passif entre les mains de Dieu, elle avance en conquérante comme le dit St Jean de Saint-Denis et avant lui St Grégoire Palamas.

 

Certes elle était pleine de la Grâce divine, mais parce qu’il y avait rencontre entre la Grâce et la volonté humaine, c’était une synergie. S’il n’y a pas synergie, tout s’écroule : il n’y a plus besoin d’efforts spirituels, plus de conquête, plus d’évolution, reposons-nous !

 

Plus de carême, plus d’avent, laissons-nous aller au gré de nos tendances, de nos pulsions, reposons-nous ! Oui reposons-nous car nous sommes libérés du péché par les seuls « mérites du Christ », c’est en tous cas à cela que nous amène ce dogme tardif et tant pis pour l’histoire d’amour de ce Dieu qui attend Sa bien-aimée, Sa créature.

 

Les fiançailles de ces deux amoureux fous du Cantique des Cantiques deviennent alors un mariage bourgeois, arrangé par le Père, un mariage forcé en quelque sorte.

 

Mais Marie est une femme libre, fruit d’un peuple, d’une humanité qui a conquis sa liberté et c’est pourquoi elle peut-être aujourd’hui pour nous un prototype, un modèle, un chemin.


Avec toute mon affection en Christ !

 

Père Pascal

 


 

Prière

                             

Du ciel fut envoyé un archange éminent pour dire à la Mère de Dieu :

Réjouis-toi !


Et, te voyant, Seigneur, prendre corps à sa voix,

il clame sa surprise et son ravissement :

 

Réjouis-toi, qui fais briller notre salut ; réjouis-toi, par qui le mal a disparu ; réjouis-toi, car tu relèves Adam déchu ; réjouis-toi, car Ève aussi ne pleure plus.

 

Réjouis-toi, montagne inaccessible aux humaines pensées.

Réjouis-toi, insondable océan soustrait même aux anges.

Réjouis-toi, car tu deviens le trône et le palais du Roi.

Réjouis-toi, puisque ton Créateur se fait porter par toi.

Réjouis-toi, étoile annonciatrice du Soleil levant.

Réjouis-toi, fertile sein où Dieu va s’incarnant.

Réjouis-toi, car tu as renouvelé la création.

Réjouis-toi, par qui le Créateur devient petit enfant.

Réjouis-toi, Épouse inépousée !

 

              Extrait de l’hymne acathiste de l’Annonciation




 

Texte à méditer

 

 

La maternité est une forme particulière de la kénose féminine. La mère se donne à son enfant, meurt partiellement pour lui, suit l’amour de Dieu qui s’abaisse, répète en un certain sens la parole de saint Jean Baptiste : « Il faut qu’il croisse et que je diminue » (Jn 3, 30).

 

Le sacrifice de la mère comporte l’épée dont parle Siméon. Dans ce sacrifice, chaque mère se penche sur Jésus crucifié. Le culte de la Vierge-Mère exprime la vocation de toute femme, son charisme de protection et de secours.

 

Extrait du livre 

« Sacrement de l’amour » : Le mystère conjugal à la lumière de la tradition orthodoxe.

DDB, 1980

 



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