Gorze, janvier 2025
Chers amis,
« Le monde périra non à cause des guerres, mais par l'ennui invivable, gigantesque, quand, du bâillement grand comme le monde, sortira le diable. » Dostoïevski
Notre vie est minée par l'usure et la perte. L'homme le plus riche du monde est-il vraiment le plus heureux ?
«Tout passe ! » comme dit sainte Thérèse d'Avila.
Son palais orné est une prison dont les fenêtres s'ouvrent sur le néant. Comme Judas à la Sainte Cène, il quitte le repas du Seigneur et dehors c'est la nuit, la nuit du non-sens bien sûr. Dans ce non-sens l'être humain est en errance et cherche une issue qui le libère de cette prison d'une vie à demi morte, dans laquelle la seule véritable souffrance est la perte de son identité. Alors nous cherchons un sens dans la jouissance, mais lajouissance tournée sur elle-même mène droit à la mort. L'être humain creuse sa tombe avec ses dents et le lit d'éros est en réalité un tombeau. « le diable est homicide dès le commencement » dit Jésus. (Jean 8 40-44)
Il reste alors à essayer le pouvoir, la volonté de puissance de tous les « Babel », petits et grands, où la confusion des langues signifie l'incommunicabilité et la solitude.
Que ce soit le non-sens, la mort et la solitude, ces trois détresses fondamentales résument toutes les autres. Elles sont l'envers du silence de l'Etre, la négation de l'hésychia. Elles sont le tumulte bruyant des passions, selon l'expression patristique, qui faussent tous les rapports de l'être humain à lui-même, aux autres et à Dieu.
L'être humain vit désormais dans une conscience, qui détournée du fond le plus intime de son identité, jouit des choses pour elles-mêmes, comme une fin en soi. C'est la maladie de l'obsession de soi-même, une autolâtrie selon saint André de Crête. C'est un besoin maladif d'être reconnu. Il s'agit d'une disposition qui est en chacun de nous, une inauthenticité fondamentale issue de notre éloignement de la Source paternelle.
Cette attitude consiste à traiter le moi en réalité absolue et centrale. Projeté à l'extérieur vers d'autres sources, d'autres filiations, il est en errance dans la dualité et la multiplicité des désirs. L'être humain qui a perdu son « lien ontologique », la dimension de la profondeur, qui est celle de l'Esprit saint, se projette à l'extérieur et se perd dans la démesure etla voracité de ses multiples désirs : C'est le péché majeur, l'orgueil parricide qui élimine Dieu et se livre aux idoles.
Notre existence est fractionnée et nous plonge dans des contradictions intérieures qui ne peuvent que nous faire souffrir. « La plus grande souffrance de l'homme, c'est d'être étranger à lui-même : c'est là son mal le plus profond. » dit Dürckheim.
Cependant, face à l'angoisse de la non-vie peut se révéler la source de toute vie : le Père. Face au désespoir du non-sens peut se révéler la lumière du sens : le Fils qui a dit : « Je suis la lumière du monde. » Face à la peur de la solitude peut se révéler l'Esprit Saint de la Pentecôte qui communique le feu de Son amour.
L'être humain est malade de l'absence de la Divine Trinité et peut grâce à la prière silencieuse et liturgique se reconnecter à la présence en lui de la paix , de la joie et de l'amour qui nous habitent et retrouver ainsi le chemin de sa vocation : devenir Dieu par grâce, suivant la célèbre formule de la tradition patristique : « Dieu s'est fait Homme pour que l'Homme devienne dieu par grâce. »
Avec toute mon affection en Christ !
Père Francis
Prière
Qu'au Nom du Dieu tout-puissant,
l'archange Michaël soit à ma droite
l'archange Gabriel à ma gauche,
l'archange Uriel devant moi,
l'archange Raphaël derrière moi.
Que la gloire du Dieu tout-puissant repose sur ma tête,
que le Seigneur Jésus habite en mon cœur,
que l'Esprit Saint éclaire mes pas,
et que Marie et les saints …
(mettre les noms des saints qui m’accompagnent)
cheminent avec moi.
Ainsi il ne me sera fait aucun mal,
je ne ferais pas de mal,
et je ne me ferai pas de mal.
Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit
comme il était au commencement
maintenant et toujours
et aux siècles des siècles. Amen.
Prière des Archanges
Texte à méditer
Le Père rit au Fils
et le Fils rit au Père
et le rire fait naître le plaisir,
et le plaisir fait naître la joie
et la joie fait naître l’amour.
Maître Eckhart (1260-1328) Sermon 18