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Lettre n°219 - De la Terre Profanée à la Ville Sainte

centre béthanie

Dernière mise à jour : 18 févr.


forêt gorze prieuré saint thiébault hiver

Gorze, février 2025

 

Chers amis,

 

Dès ses premiers mots, la Bible nous décrit la création de l’univers, des astres, de notre planète, des eaux, des plantes, des animaux. Et à chaque étape Dieu vit que cela était bon, que cela était beau et, le septième jour, Dieu ayant constaté que tout était beau et bon, passa, si j’ose dire, le relais à l’homme en disant :  


« Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Et qu’il règne sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur les bêtes sauvages et sur tous les animaux qui rampent sur le sol, et Dieu créa l’homme à son image ; à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. Dieu les bénit, soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et soumettez-la. »


Sur ce texte du premier chapitre du premier livre de la Bible, la Genèse, certains critiquent le « judéo-christianisme » allégrement, l’accusant de tous les méfaits de la civilisation industrielle et de l’économie libérale sur l’environnement. On dit souvent en effet : voilà les fondements de l’attitude de l’homme européen et américain. Leur Dieu leur dit de régner, de soumettre la terre, de la dominer, alors il ne faut s’étonner de rien et surtout pas qu’ils aient mis en pièce la planète pour leur seul profit. Ils sont justifiés par leurs textes sacrés. Ce sont ces textes sacrés qui sont les responsables !

 Mais les pourfendeurs du judéo-christianisme, c’est clair, ne retiennent ici que ce qui les arrangent du texte biblique, car Dieu ne dit pas seulement de régner, de soumettre, de dominer, Il dit aussi comment il faut le faire : « faisons l’homme à notre image » et pour être sûr d’être bien compris il le répète trois fois en deux versets. En effet, si l’homme doit régner sur la création, la soumettre et la dominer c’est donc en tant qu’image de Dieu, de ce Dieu qui vient de créer, pas de détruire, qui trouve cela bon et beau, le mot « tov » en hébreu veut dire les deux à la fois, et qui l’a répété à chaque étape de la création en s’ex-tasiant, c’est-à-dire littéralement en sortant de lui-même, en se donnant lui-même à ses créatures pour qu’elles existent.


Ainsi quand Dieu passe le relais à l’homme au septième jour, au jour du shabbat, ce n’est pas pour que l’homme détruise mais pour que l’homme continue la création comme Lui l’a commencé, avec amour car Dieu est amour nous disent la Torah, les prophètes, Jésus, celui qui est parfaitement homme et parfaitement Dieu. Et ils nous le disent sur tous les tons et de toutes les façons. Non, le Dieu des juifs et des chrétiens ne leur a jamais dit d’exploiter, de détruire, de souiller la création mais au contraire de la respecter, de la soigner et de l’aimer.


Enluminure
Icône copte, Genèse

Mais depuis son exil du jardin d’Eden, le cœur de l’homme est devenu pervers et l’homme est devenu meurtrier. Il s’est éloigné de la ressemblance qu’il lui était proposé d’acquérir et il a même oublié de qui il était l’image, de qui il était l’icône. Alors Dieu est venu vivre parmi les hommes et en Jésus Il a nous montré ce qu’était l’homme véritable, l’homme image et ressemblance de Dieu. Dieu s’est incarné pour nous montrer ce qu’est l’homme véritable. Oui, Il nous a montré comment dominer… en lavant les pieds, il nous a montré comment régner… en étendant ses bras sur une croix, il nous a montré comment soumettre la matière… en ressuscitant des morts, c’est-à-dire en informant notre matière de l’intérieur par la vie divine et ainsi la recréer et la transfigurer.


Car c’est bien cela la tâche de l’homme et de la femme : servir, se donner jusqu’à la mort pour ressusciter jusqu’à transfigurer non seulement notre propre être mais à travers lui la création tout entière.


Aux pourfendeurs contemporains du Dieu des chrétiens, on peut certes accorder que ce sont des gens qui se disaient chrétiens qui ont créé cette civilisation industrielle et cette économie libérale qui ne respectent ni l’homme, ni la création mais ils l’ont fait en totale infidélité à Dieu et à sa Parole. Nous avons lu quelques versets du premier chapitre du premier livre de la Bible, la Genèse, mais lisons aussi quelques versets des deux derniers chapitres du dernier livre de la Bible, l’Apocalypse.

« Il me fit voir Jérusalem, la ville sainte qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, dans toute la gloire de Dieu. » Au départ dans la Genèse nous étions au paradis, c’est-à-dire un jardin. A l’heure de l’accomplissement, dans l’Apocalypse, nous sommes dans une ville, et la tâche de l’homme n’est pas de retourner dans un jardin perdu, mais c’est de construire la ville, la ville sainte qui est dans toute la gloire de Dieu. Regardons-la comme nous la décrit saint Jean : « Il me montra encore un fleuve d’eau vive, scintillante comme du cristal de roche, il jaillissait du trône de Dieu et de l’agneau. Au milieu de la place, de part et d’autre du fleuve, se trouvait un arbre de vie qui fructifiait douze fois, pour donner chaque mois son fruit, tandis que les feuilles des arbres servaient à la guérison des nations. »


L’ayant créé à son image et à sa ressemblance, voilà ce que Dieu demande à l’homme en se retirant le septième jour, en le bénissant, et en lui disant de régner sur la terre. Quand Dieu dit à Moïse, souviens toi du Shabbat et célèbre le, c’est aussi cela qu’il lui rappelle :  Passe du jardin, en le cultivant, en le soignant, en en prenant soin, à la ville sainte, à la Jérusalem céleste, c’est-à-dire construits, co-crées avec Moi le monde afin qu’il soit déifié !


Et nous, qu’avons-nous fait la plupart du temps ? nous avons fait un monde défiguré à l’extérieur parce que défiguré à l’intérieur. C’est le cœur pervers de l’homme, le mien qui a projeté à l’extérieur et sur la création sa rapacité, son égoïsme, son esprit destructeur, sa malédiction. Et, c’est mon cœur qu’il me faut retourner pour sauvegarder la création, rien de moins.

Rappelons-nous saint François d’Assise, saint Séraphim de Sarov, saint Nectaire d’Egine, saint Silouane et tant d’autres… c’est parce qu’ils ont transfiguré leur cœur que la nature autour d’eux s’est transfiguré. Si nous changeons notre cœur nous changerons nos pratiques à tous les niveaux, et au lieu de maudire, nous bénirons, au lieu de détruire nous sauvegarderons la création, beaucoup mieux nous la transfigurerons. Alors nous serons fidèles à notre vocation, à cet appel que Dieu lance tout au long de la Bible, depuis le début du livre de la Genèse jusqu’à la dernière ligne du livre de l’Apocalypse.

Avec toute mon affection en Christ !

 

Père Pascal

 


 

Prière

                             

O Dieu, Père Saint, Source de toute vie, 

Tu as fait jaillir de Tes mains la création par Ton Souffle puissant, 

faisant tout subsister dans le Verbe éternel, Lui, l’Archétype, en qui toutes choses ont leur cohésion, 

accorde–nous d’épouser Ta volonté par une action de grâce perpétuelle et de devenir une vivante louange à la Gloire de Ton Saint Nom. 

En Lui, nous avons la vie, le mouvement et l’être 

maintenant et toujours et aux siècles des siècles. 

Amen !


Collecte de la liturgie pour la sauvegarde de la création

 




 

Texte à méditer

 

Le Starets (Silouane) disait que l’Esprit de Dieu enseigne de compatir à toute créature, si bien que, « sans nécessité », on ne désire pas faire de mal même aux feuilles d’un arbre. « La feuille était verte sur l’arbre et tu l’as arrachée sans nécessité. Il est vrai que cela n’est pas un péché, mais le cœur qui a appris à aimer compatit à toute créature, même à une petite feuille. » Cette pitié pour la feuille verte d’un arbre ou pour la fleur des champs foulée aux pieds s’unissait en lui à une attitude parfaitement réaliste envers toute chose existant dans le monde. En tant que chrétien, il était conscient que tout a été créé pour servir l’homme ; aussi, quand c’est « nécessaire », l’homme peut-il user de tout. Lui-même, il fauchait l’herbe, abattait des arbres, se préparait une provision de bois pour l’hiver, mangeait du poisson.


Extrait du livre : Starets Silouane par saint Sophrony

 

(attention, les bonnes infos concernant les prochaines sessions se trouvent par ici)




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